Parées à s’envoler
Pour le peuple Iatmul de Papouasie-Nouvelle-Guinée, la tête contient toute la substance de l'Être. Aussi conservent-ils les crânes de leurs ancêtres qui, une fois nettoyés et "surmodelés", sont peints à l'image des défunts. L’esprit demeure et participe ainsi entièrement à la vie de la maison et du village. C’est sur ce modèle Iatmul, que s’inscrit ce travail sur les crânes, replacé dans notre culture et notre société occidentale.
Les crânes d’animaux sont transformés, ré-habillés : la réalité du squelette disparaît au profit d’une image autre. Patinés de bronze ou de vieil or ils deviennent « illusion » de sculptures ; couverts de tissus « nobles » (dentelle, cuir, toile de Jouy, tissu Burberry), ils apparaissent telles des parures symboliques. Où est la vérité entre ce crâne recréé et ce crâne disparu ? Fidèle à ma recherche artistique entamée il y a 25 ans, c’est une nouvelle exploration des limites de la réalité et de la fiction.
Ce travail est également une réflexion sur la mort et l’oubli. Entre ces traditions Papoues, et les croyances religieuses qui régissent nos civilisations, il reste certain que l’esprit de nos proches, sans présence concrète ni palpable, perdure en nous et dans notre univers, participe à nos prises de décision et répond souvent à nos interrogations. L’absence a donné un nouvel aspect à ces têtes. Embellies, ennoblies, magnifiées, nos disparus sont sublimés pour nous habiter à perpétuité. |